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L’IFI, peut-on vraiment y échapper en tant qu’investisseur immobilier ?

Depuis 2018, l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) a remplacé l’ISF, recentrant l’imposition sur le seul patrimoine immobilier. Il concerne les ménages dont le patrimoine net taxable dépasse 1,3 million d’euros. En 2025, près de 160 000 foyers y sont soumis selon la DGFiP, pour un rendement annuel de plus de 2 milliards d’euros.

La loi de finances pour 2025 n’a pas modifié le seuil ni le barème, mais elle a renforcé plusieurs points clés : contrôle accru des SCI familiales, encadrement des dettes déductibles et ajustements du plafonnement IFI-IR. Dans ce contexte, la question se pose : un investisseur immobilier peut-il réellement “échapper” à l’IFI ou seulement en atténuer les effets ?

Fonctionnement de l’IFI : rappel et nouveautés 2025

A. L’assiette et le barème

● L’IFI s’applique au patrimoine immobilier net taxable > 1,3 M€ (art. 964 CGI).

● Le barème est progressif : de 0,5 % à 1,5 %.

● Déclaration via le formulaire 2042-IFI, annexé à la déclaration de revenus.

B. Les nouveautés 2025

1. Transparence renforcée pour les SCI : les bénéficiaires effectifs doivent être systématiquement déclarés. L’administration croise désormais ces données avec Patrim et DVF pour éviter les sous-évaluations.

2. Dettes déductibles encadrées : les prêts familiaux et in fine sont davantage contrôlés. Les montages abusifs pour réduire artificiellement l’assiette deviennent risqués.

3. Plafonnement IFI-IR : toujours possible (75 % des revenus nets imposables, art. 979 CGI), mais les déficits fonciers et charges reportables sont désormais plus strictement limités dans le calcul.

Les stratégies classiques pour réduire son IFI

A. Le rôle du démembrement

En cas de démembrement, seul l’usufruitier est redevable de l’IFI sur la valeur en pleine propriété (art. 968 CGI).

● Exemple : un parent transmet la nue-propriété d’un bien de 800 000 € à ses enfants tout en conservant l’usufruit. Le bien reste dans son assiette IFI, mais il disparaît de celle des enfants. Au décès, l’usufruit s’éteint sans fiscalité supplémentaire.

B. L’endettement immobilier

Les dettes afférentes à l’acquisition, la construction ou l’amélioration d’un bien restent déductibles (art. 974 CGI).

● Exemple : un investisseur détient 2 M€ d’immobilier financé par 900 000 € d’emprunt → patrimoine net taxable 1,1 M€, en dessous du seuil d’imposition.

( ! ) 2025 : vigilance sur les prêts in fine et familiaux, souvent requalifiés par l’administration.

C. L’immobilier professionnel

Les biens affectés à une activité professionnelle principale sont exonérés (art. 975 CGI). C’est le cas d’un local occupé par une entreprise individuelle ou d’un loueur en meublé professionnel (LMP) si l’activité est prépondérante.

D. Diversification hors immobilier

Les actifs financiers (assurance-vie, actions, obligations, PEA) ne sont pas soumis à l’IFI. Une réallocation partielle de patrimoine permet de réduire l’assiette taxable.

Peut-on vraiment “échapper” à l’IFI en 2025 ?

A. Les limites des stratégies

● Démembrement : utile pour préparer une transmission, mais l’usufruitier reste imposable tant qu’il vit.

● SCI : les contrôles renforcés réduisent l’intérêt des montages complexes.

● Dettes : les prêts artificiels sont systématiquement ciblés par la DGFiP.

B. Un impôt difficilement évitable

L’IFI conserve un rendement budgétaire stable et reste politiquement justifié comme impôt de justice fiscale. Les marges d’optimisation se réduisent.

C. Un impôt qu’on peut seulement atténuer

En réalité, l’objectif n’est pas de l’éviter totalement mais de le maîtriser :

● Diversifier ses placements.

● Donner la nue-propriété à ses enfants.

● Transformer une partie de son immobilier en outil professionnel (LMP, locaux d’activité).

Cas pratiques (2025)

1. Couple fortement endetté : Patrimoine 2,4 M€, emprunt 1,2 M€. Patrimoine net taxable : 1,2 M€ → pas d’IFI.

2. SCI familiale : Immeuble de 1,8 M€ détenu par deux enfants à 40 % chacun, parents 20 %. Aucun ne dépasse 1,3 M€ → pas d’IFI.

3. Donation avec démembrement : Transmission en nue-propriété d’un bien de 1 M€ → l’usufruit reste imposable mais disparaît au décès, sortant définitivement du champ de l’IFI.

Tableau récapitulatif – IFI en 2025

Stratégie Avantage Actualisation 2025 Limites
Démembrement Exonération pour le nu-propriétaire Maintien régime, transparence SCI renforcée Usufruitier reste imposable
Endettement Réduit assiette taxable Contrôle des prêts familiaux et in fine Risque de requalification
Immobilier professionnel Exonération totale Aucun changement Activité doit être effective
Diversification Hors champ IFI Toujours possible Perte d’exposition à l’immobilier
Plafonnement 75 % Limite charge fiscale Déficits plus encadrés Complexité déclarative

Conclusion

En 2025, l’IFI reste un impôt incontournable pour les gros patrimoines immobiliers. Les stratégies classiques – démembrement, endettement, immobilier professionnel, diversification – permettent d’en atténuer l’impact, mais la loi de finances 2025 a réduit les marges d’optimisation : transparence accrue pour les SCI, encadrement des dettes et plafonnement resserré.

Il apparaît donc difficile d’y “échapper” totalement. L’enjeu pour les investisseurs est désormais de bâtir une stratégie patrimoniale équilibrée, conciliant diversification, transmission et rendement. Dans tous les cas, un accompagnement par un notaire ou un expert fiscaliste reste indispensable pour sécuriser la démarche et éviter les redressements.